lundi 27 octobre 2014

Jour 6 - Toujours plus loin...

Aujourd'hui la journée va être looooooongue, du moins la matinée que nous passerons dans les transports pour rallier le village isolé de Banteay Chmar (nord-ouest du pays, à 20 km de la frontière thaï). 

on est déjà loin de Phnom Penh

Mais pourquoi aller là-bas si c'est si paumé?!
Parce qu'il s'y trouve un temple gigantesque (un des plus grands du Cambodge, svp) bâti au 12ème siècle sous le règne de Jayarvaman VII (ou J VII, qui a rebâti Angkor et en a fait la cité qu'on connaît), perdu au milieu d'une végétation dense. Parce qu'en y allant on fait du tourisme solidaire: ce que nous paierons pour y passer deux 1/2-journées+nuit (60$/pers) servira au développement de la communauté locale et à la restauration du temple. Et puis parce qu'on avait envie de sortir des sentiers battus un peu... mais ça se mérite, vous allez voir!

A la base nous devions être à midi à Banteay Chmar, puisque le séjour que nous avions réservé comprenait le déjeuner à l'arrivée. Problème: la veille il n'y avait plus de places pour le bus de 7h45, nous avons dû prendre celui partant EN THEORIE à 9h... mais au final il n'est parti qu'à 10h!!!
Déjà le transport du centre de Battambang à la station de bus s'est fait en pick-up surchargé: nous étions 10 touristes dans le coffre, avec tous les gros sacs à dos (et je ne sais pas combien de locaux s'étaient entassés à l'intérieur). Ensuite, le bus était bien là à 8h45, mais on a quand même poireauté pendant 1h15 parce que la compagnie attendait de le remplir. 
Ah ça pour être plein, il était plein, à tel point que les passagers pris en cours de route devaient s'asseoir dans l'allée centrale. Et puis le chauffeur n'avait pas l'air très débrouillard pour charger la soute, et les deux jeunes qui contrôlaient les tickets n'ont jamais daigné bouger le moindre orteil pour aider le pauvre vieux!
En plus, c'était impossible réserver à l'avance les billets pour dans 2 jours afin de nous rendre vers Siem Reap! Bref, autant Capitol Tour c'est top, autant nous vous déconseillons plus que fortement la compagnie Rith Mony!!! 

les passagers dans l'allée centrale - 
le bazar quand y en avaient qui voulaient descendre

la famille au complet, avec les courses! 
un de mes clichés préférés :)

quand on voit la maigreur de leurs vaches, 
ce panneau fait sourire

Heureusement la route n'était pas trop dégueu, et nous ne prenions ce bus que jusqu'à la ville de Sisophon (Krong Serei Saophoan sur la carte au-dessus) à laquelle nous sommes arrivées à midi justement.
Et là, la galère a commencé: comment rallier le village de BC (aucun bus n'y va)... il nous faut trouver un "taxi". Déjà va demander aux habitants où se trouve la place du marché quand aucun ne parle anglais, et que notre prononciation du mot "psaar" (=marché) laisse à désirer... Et puis aucun touriste aux alentours car Sisophon n'est pas un lieu vraiment touristique. 

Après avoir obtenu quelques indications sommaires, on arrive sur une placette où on se fait alpaguer par un gars nous disant dans un anglais plus qu'approximatif qu'il nous emmène sans problème jusqu'à BC pour 30$, alors qu'on n'a même pas le temps de vraiment lui expliquer... Aventure pour aventure, on monte dans la voiture. On roule 5 minutes, pendant lesquelles notre chauffeur est au téléphone non stop, puis on s'arrête après même pas 3 km: il nous explique qu'on doit changer de voiture, qu'un de ses cousins qu'il a appelé va nous emmener jusqu'à BC! OK... 
Bon si je suis en train de relater tout ça, c'est qu'on s'en est sorties vivantes, mais pas rassurées jusqu'à ce qu'on ait foulé le sol de BC. Et on a failli pas y arriver car le gars nous a emmenées jusqu'à un bled du nom de Thmor Puok, dans la province de Bantey Chmar, mais qui n'était pas BC. 

Heureusement nous avions un numéro de téléphone: après de nombreux allers-retours en anglais entre moi et le contact sur place, et en khmer entre le contact et notre taxi, on a fini par arriver à destination vers 14h. 
Ce qui n'était pas si mal vu les conditions de transport - la route entre Sisophon et Banteay Chmar était en plein travaux sur toute sa longueur, du coup c'était digne d'une piste du Paris-Dakar! Et nous ne roulions pas en 4*4, mais dans une berline banale, dont le pare-brise était légèrement abîmé, dont le compteur de vitesse ne fonctionnait pas - normal. On a également pu constater que le rétro intérieur servait de support pour une mini-TV - c'est plus fun de regarder la TV que ce qui se passe derrière!

    ils ne connaissent pas Olivier de Carglass

Bref, avec le recul, ça nous fait sourire et cette expérience est à classer dans nos expériences 100% Cambodia :)

Après avoir fait la connaissance de notre guide pour la durée de notre séjour, qui se prénomme Sukuon, et nous être régalées avec ce que nous avaient préparé les cuisinières de la fondation, nous avons déposé nos sacs dans la maison où nous passerons la nuit. 
L'intérêt de ce séjour était aussi de faire du homestay (vivre chez l'habitant), mais  clairement une nuit n'est pas suffisante car nous avons à peine croisé la famille qui nous accueillait chez elle. Donc si l'expérience vous tente, prévoyez d'y rester au moins 3-4 nuits pour espérer avoir quelques échanges avec des locaux... qui ne parlent pas anglais.
Même si nous n'avons pas eu ces échanges, nous avons quand même compris ce que c'était de vivre loin d'une ville - pas de pression pour la "douche", pas de chasse d'eau pour les WC (mais un grand bac d'eau dans lequel on remplissait un seau pour verser dans les toilettes), et puis plus d'électricité à partir de 23h (donc nuit sans clim!!! mais sous moustiquaire tout de même).


notre maison d'une nuit

Avant d'aller se perdre dans les ruines du temple, Sukuon nous a fait prendre un ox cart (charrette tirée par des vaches) - le seul du village, donc le truc pour les touristes - pour aller jusqu'aux Soieries du Mékong.

le seul et unique ox cart de Banteay Chmar

Malheureusement c'était fermé, mais nous avons eu la chance de croiser une étudiante française en stage sur place, qui nous a rapidement montré les installations et expliquer le process global du tissage, de la réception de la soie brute à l'étoffe finale. Même si nous n'avons pas pu voir les tisserandes à l'oeuvre, c'était intéressant.

il me semble que c'est pour laver la soie brute, 
et peut-être la colorer...

métiers à tisser


Pour être honnête je ne me souviens plus des explications, mais j'ai retenu que Soieries du Mékong est un beau projet, voici quelques lignes tirées du site de l'assoce (http://www.soieriesdumekong.com):
"... lutte contre l'exode rural, à travers la formation et l'accompagnement humain et financier de ses artisans dans la durée. 
Concrètement, SdM sélectionne des jeunes femmes de plus de 18 ans sur des critères de motivation et de revenus. S'ensuit une formation de 6 mois au tissage, puis 6 mois de stage pratique. Parallèlement, les jeunes apprenties suivent des cours de khmer et de mathématiques, pour leur donner les bases qu'elles n'ont souvent pas reçues. 
Une fois ce cycle de formation complété, les tisserandes deviennent artisans autonomes et travaillent chez elles, avec un métier (à tisser) prêté ou fiancé à 75% par SdM."


Après les soieries, nous avons déambulé dans le village où nous avons croisé plein de gamins qui se laissaient prendre en photo avec plaisir - n'hésitez pas à leur montrer le résultat de votre cliché, ils n'en seront que plus complices pour d'autres photos :)



petite chipie devant du manioc en train de sécher

Outre la noix de coco, que nous avons pu déguster à peine tombée de l'arbre, le manioc est un aliment central dans l'alimentation des villageois. D'immenses bâches recouvertes de morceaux étaient étendues un peu partout dans les cours des maisons. Et la coupe du manioc est une affaire de famille.

glouglouglou 

une famille s'occupant de son manioc

11-12 ans et il se sert déjà de ça... 
"choc" des cultures :)

Dernière étape avant le temple principal, le Ta Promh local, qui n'a pas  grand chose à voir avec celui d'Angkor. En fait de mémoire, le mot "ta" signifie "vieux" et "prohm" est le nom khmer d'une divinité; donc si les deux temples ont été construits pour célébrer la même divinité, cela pourrait expliquer qu'ils aient le même nom...

Ta Prohm à Banteay Chmar

Une villageoise faisant sa lessive sur la rive de Ta Prohm

Allez, vous êtes arrivés jusqu'ici, vous avez gagné le droit d'enfin visiter une partie du temple de Banteay Chmar. Dès le début, la longueur de la scène du barattage de la mer de lait (cf fin du post sur le jour 4) est impressionnante; il me semble qu'il y avait une trentaine de divinités (dieux et démons, se battant pour l'élixir) de chaque côté de l'allée centrale!

le barattage de la mer de lait côté démons

démon qui tire la gueule 

relief d'une apsara, nymphe céleste 
créée pour séduire les hommes 

Après quelques minutes à marcher sur une piste en pleine forêt, on les voit enfin, les vestiges du temple, parmi lesquels les arbres poussent comme si de rien n'était - si magique, surtout quand vous êtes seules et pouvez vous plonger dans l'atmosphère mythique du lieu. 
En fait ce qu'on voit n'est qu'une partie de l'enceinte qui entourait le temple.


Parmi la végétation présente, deux arbres ont retenu notre attention:
- le "buddha tree", un arbre parasite poussant sur les autres arbres, et dont on voit les fines racines entourer le tronc de l'arbre "hôte"


- le magic tree - il a gagné ce nom car il est le seul parmi ses nombreux semblables où des abeilles ont établi leurs ruches


Retour au temple, dont la visite vous fait vous sentir comme Indiana Jones, à crapahuter au milieu de tous ses vestiges non restaurés, escorté par les sons de la forêt alentour :)





Sukuon qui nous a donné plein d'explications 
précieuses pour la suite de notre trip à Angkor

une tour à visage

Avant d'accéder au coeur même du temple, on ne peut pas rater les nombreux bas-reliefs relatant la bataille pour la libération du Cambodge entre les Chams et les Khmers (emmenés par le fameux J VII). 




Outre les batailles, il y a aussi beaucoup de bas-reliefs représentant différentes divinités

divinité Avalokiteçvara (à tes souhaits!)
aux multiples bras


On pourrait passer facilement toute une journée à se perdre dans le temple, mais l'après-midi est déjà bien avancée donc Sukuon nous emmène vers la sortie, où l'on croisera une statue de Bouddha, protégé par Naga (statue très fréquente dans les temples)


Le séjour réservé nous a également permis de dîner sur le site du temple, à la lumière de quelques bougies (entourées de quelques moustiques aussi...) et avec un orchestre local - c'étaitt vraiment top.


une luciole qui se baladait autour de nous

Et voilà, même si cette journée avait "mal" démarré, on a vite oublié les désagréments pour ne retenir que la magie du temple de Banteay Chmar.
Si vous avez du temps, et que vous avez l'esprit routard, allez-y sans hésiter. Voici le site pour réserver votre séjour : http://www.visitbanteaychhmar.org

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire